A la croisée de nos chemins

C’est une histoire ordinaire de désespoirs que l’on devine et s’empresse d’oublier, que l’on rejette de notre mépris apeuré. C’est une histoire de filles, ces filles que nous ne nommons pas, parce que ces filles là, n’appelons pas putes nous sommes politiquement corrects, que je croise et vois du haut de mon étage

C’est l’histoire d’une fille, une arpenteuse de mes rues, à la silhouette juvénile au visage fatiguée. C’est une arpenteuse inlassable de mes rues souillées, une gentille aguicheuse qui vend ses tristes et maigres charmes enveloppés de volants. C’est l’histoire d’une fille sur le visage de laquelle on pourrait lire à livre ouvert des histoires incrustées dans les chairs, alors que nous détournons le regard.

C’est l’histoire d’une fille dont j’ai surpris une conversation. Je lui tenais la porte qu’elle n’arriver à se décider à franchir. Elle était accompagné d’un homme au regard noyé dans l’émotion. Il l’incitait à se décider, l’encourageait de mots caressants. Je ne PEUX PAS lui disait-elle. Un accent ensoleillé faisait vibrer ses cordes vocale, elle répétait, je ne PEUX PAS, tête baissée sur son corps fragile, montrant de ses mains son petit short ses jambes découvertes. Il a crié presque silencieusement, un sanglot lui déchirant la voix,mais, mais je t’aime moi, viens. Il a enveloppé son corps d’oiseau migrateur d’un bras protecteur, lui a donné l’impulsion et le courage de franchir le seuil.

C’est l’histoire d’une fille, et celle d’un garçon, une histoire d’amour ordinaire et bouleversante. C’était une demande en mariage, qu’ils s’apprêtaient à publier, une main tendue, la renaissance de l’espoir.

C’était l’histoire d’une fille que je souhaite ne plus croiser, ou enfin femme empressée et souriante, anonyme et heureuse.

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