Pimprenelle n’est pas étanche !

Imaginez : c’est dimanche, et vous êtes seule, et il pleut, et vous n’avez rien d’amusant, passionnant ou urgent à faire. Le vieux chat est mort, les cactus disparus, personne à qui parler. Vous voila donc isolée dans votre grotte, à tourner en rond comme un ours mal léché, révisant sans fin la quadrature du cercle. Vous connaissez ? Moi oui, parfaitement.

Mais tout va bien, j’ai paré à cette éventualité et mets en place le Plan B. Je me cale douillettement dans des coussins, empapillotée dans un châle, paquetage mauvais jours. A mes côtés, paquet(s) de chips à droite, chocolats biscuits et biscuits aux noisettes à gauche, et thé vert devant, pour la bonne conscience.

J’appuies sur la zapette  et c’est parti « Sur la route de Madison ». Ce film, j’adore, il fait partie de mon top ten, mention spéciale jour de pluie d’ennui et de bouderie.

Bon, d’accord, y a plus gai, mais je suis une grande fille, c’est pas pareil, ce film je l’ai visionné wouah … fois et plus encore, le connais sur le bout des doigts de la bobine.

Non, on ne m’y reprendra pas à pleurnicher. Et puis je suis en bonne compagnie, avec mes chips et mes confiseries.
Et ma main de puiser de plus en plus compulsivement vers les sachets, indifféremment vers le sucré ou le salé. Arrive la scène fatidique de tous les dangers, non, je ne vais pas pleurer, sa main à elle qui se crispe sur l’accoudoir, non je ne pleurerai pas, son regard à lui dans le rétroviseur, c’est bon, je résiste, le feu qui passe au vert, oh putain, les chemins qui se séparent … Aaaahhhh, Bouuuuhhhh. Et c’est reparti. Tout y passe larmes, sanglots, morve, épaules tressautantes, diaphragme bloqué.

Et de courir vers la cuisine larve aveugle, tête dans enfoncée dans le cou, ratatinée tâtonnant à la recherche du Sopalin, et de moucher d’essuyer éponger, et se passer le visage sous le robinet.

Il me faut encore quelques minutes pour venir à bout de ce chagrin, calmer les tremblements. Voila c’est mieux maintenant, c’est bien, c’est même très bien. Oh, et puis tiens, je me sens, et bien, soulagée, vidée d’un trop plein de n’importes quoi(s) insignifiant(s), accumulation de révoltes, d’indignations et peines passagères, que l’on croit envolées, mais s’accumulent et restent là bien au chaud contre la poitrine.

Car rien ne se perd, ni les chagrins, ni les kilos amassés durant ces après-midi pluvieux.
Alors, dès demain, je change d’attitude : si l’on m’agresse, je mords ; si l’on me maltraite, je mords ; si l’on me peine, je mords (et pleure). Avec tous ces morceaux de choix que je me serai mis sous la dent, nulle peine à me mettre au régime.
En attendant, ce qui ne saurait tarder, je chausse mes tennis, et cours transpirer mes kilos, direction le boulot. Et d’aucuns croiront que j’avais hâte de venir travailler. Surtout ne pas les décevoir, ne pas démentir. Ils pourraient se sentir contrariés …

6 réflexions au sujet de « Pimprenelle n’est pas étanche ! »

  1. ho la la….moi je pleure aussi tout le temps devant a télé… la minute ou je pleure systematiquement: la video des gosses a la fin de philadelphia, en passant par le passage de l'aria…le plus ridicule? la petite maison dan la prairie quand j'etais ado. mais on s 'en fout ca fait du bien!!!!et puis mince, ca defoule comme tu dis!!!alors pars au boulot le coeur leger, c' est toujours ca que tu ne laisseras pas la bas!

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